Les vrais Rolling Stones
Il s'agit là d'un premier reportage. C'était une évidence. Un sentiment profond qui prit sa source depuis que je fus derrière le grillage à observer de loin ceux que j'allais rencontrer 2 jours plus tard (Photo 1).
Nous sommes à Srinagar, la capitale du Cashemire au nord de l'Inde. Quelques mois avant ma venue, les frontières de cette région furent fermées suite à l'instauration d'un couvre feu dû à de violentes manifestations de séparatistes (L'inde et le Pakistan se battent pour ce territoire tandis que le Cachemire demande sont indépendance). Le contrôle de cette région, partagée entre les deux pays, a été le motif de deux des trois guerres qui ont opposé l'Inde et le Pakistan depuis 1947.
Je rencontre les « Rolling Stones » alors que je suis chez un local que j'ai rencontré au cours de mes balades. Je lui ai demandé s'il serait possible de travailler le temps d'une journée avec eux en échange de photos. Surpris, il n'a pas vraiment compris, cela dit il m'a accompagné pour établir le lien. Il m'a introduit auprès du contremaitre (photo11).
Je lui ai proposé mes services et en guise de salaire de me laisser prendre des photos: « I wanna work with you and at the same time take pictures... » Sceptique il m'a mené aux « M'babas » les anciens (photo 3) car la décision finale leurs revenait. Notre communication était limitée par le fait que nous ne parlions pas la même langue. Pourtant ils acceptèrent. L'équipe que l'on m'a assigné (photo 4&10) fut très enthousiaste, trop même. Le chef d'équipe le voyait bien : il m'a donc demandé de partir. J'insistais... je voyais bien qu'il n'était pas si catégorique alors il m'a fait travailler seul, le long de cette rivière sur lequel il est possible de prendre les pierres seulement durant la saison sèche.
Equipé d'une pioche et d'une pelle je devais déplacer de gros cailloux qui empêchent le passage des tracteurs imposant. Un autre groupe me vit au loin puis s'interrogeat de ma présence. L'un d'eux parle l'anglais. Il est universitaire en géographie, il vient d'avoir son master.Il traduit pour moi quand c'est nécessaire. Le reste du temps je communique par signe ou avec les yeux. Je joue avec humour de l'aspect improbable de ma présence et ils sont très réceptifs il m'insèrent avec plaisir dans leur groupe. Je comprend bien que pour eux je suis une distraction atypique (pour un touriste).
Le travail des vrais Rolling Stones est d'acheminer des pierres vers une usine non loin des rives du jhelum. Là-bas elles seront brisées puis réduite en poussière pour faire du ciment, des briques, des maisons , des ponts etc...
Cette série rassemble des clichés argentiques et numériques.